L’Abeille Buckfast

Une approche très complète de l’abeille Buckfast

Extrait du livre de Raymond Zimmer,
Nouvelle édition de 1999
avec sa permission.

Avant-propos à la première édition
en langue allemande

par le Frère Adam, O. S. B.
Monastère St. Mary, Buckfast,
Sud Devon, Angleterre

Dès la publication de ce livre en langue française, s’est exprimé, à maintes reprises, le souhait de le voir traduit en d’autres langues.  Ce souhait a donc été accompli.  Je considère les textes de monsieur Raymond Zimmer, comme un commentaire parfaitement adapté à mon livre « Ma Méthode d’Apiculture ».  De ce dernier il ressort, sans équivoque, que la réussite complète, pour l’apiculteur, n’est possible, que s’il tient compte des conditions particulières de l’environnement et des miellées.  Il en est de même pour les particularités et besoins de l’abeille.

L’auteur ne base pas ses indications sur d’abstraits présupposés, mais exclusivement sur des faits réels.  Ils ont été acquis avec de strictes méthodes pratiques.  A cela participent des notes concernant le comportement de chaque ruche ; ainsi que la récolte nette, obtenue dans des miellées spécifiques.  Chaque année, j’ai pu m’en convaincre personnellement.  Je puis donc assurer le lecteur qu’il n’y a ici aucun rêves éveillés.  Ce livre satisfait une demande.  Puissent les réponses et conseils, de multiples manières, aider chaque apiculteur à son travail.  Cela concerne autant les partisans du progrès que les affranchis des traditions.

Frère Adam, O. S. B., O.B.E.
le 10 octobre 1987

L’apiculture dynamique :
pratique et économie d’aujourd’hui.

Préface à la Deuxième Edition en français
par Michel Jacquin

Rarement apiculteur se sera si fort réjoui de la parution d’un vieux livre.  Car ce livre est vieux : commencée au début du siècle par un moinillon perspicace et acharné, visionnaire sans doute, le Frère Adam récemment disparu, cette véritable somme se poursuit ici, avec l’apport considérable de Raymond Zimmer.

Imitant, puis transcendant — avec quels scrupules ! — son inspirateur, Raymond Zimmer nous offre, pour entrer dans le troisième millénaire, deux trésors dont il est incertain que l’un dépasse l’autre.

Dans le premier, tout praticien trouvera la richesse d’une expérience hors pair toujours vivifiée par l’observation, la curiosité et l’ingéniosité du technicien.  On dénichera là, au tournevis près, de quoi satisfaire la plus exigeante attente de l’apiculteur complet : celui qui croit aussi en la valeur du travail manuel.  Ceci n’est pas un mince bénéfice et justifierait, seul, l’étude sérieuse de ce livre, — étude — et non simple lecture.

Mais il y a plus et, à mon sens, mieux que la plus précise des technicités. A travers la lente et laborieuse élaboration de l’abeille Buckfast, Raymond Zimmer nous fait dépasser l’horizon étroit du toit de nos ruches pour, enfin, entrer dans l’intelligence de l’essaim; de cet animal dont les neurones ailés bourdonnent dans la campagne, et que nous avons tant de mal à considérer comme nous le ferions de notre chat ou de notre chien.  A quoi nous sert en effet, d’acquérir telle nouvelle technique d’introduction des reines, si nous oublions que nous pratiquons là une véritable greffe d’organe dans un corps singulier, l’essaim, à qui sa nature même impose de rejeter les corps étrangers ?

Or, c’est à cette compréhension globale de l’animal-essaim que nous introduit l’auteur, par le biais de la Buckfast.  Produit d’un croisement entre l’intelligence de la nature animale et celle de l’homme, l’abeille Buckfast résume et synthétise en elle le meilleur de l’abeille et le meilleur de l’apiculteur.  Qui peut l’affirmer ainsi ? Tous ceux — et j’en suis — qui ont eu le bonheur de compter la Buckfast dans leur rucher et de la soigner comme doit l’être un animal de haute race.

Ce livre est vieux ?  Oui, comme la biologie sur laquelle il s’appuie si souvent et avec tant d’à-propos.  Mais Raymond Zimmer nous invite à le continuer.  Des pages restent blanches : elles seront écrites par ceux qui auront perçu la stérilité des dogmes apicoles, par ceux qui auront été séduits, ici, par la souplesse raisonnée de la démarche dont la Buckfast est l’enfant la plus accomplie.

Des strates apicoles du passé que R. Zimmer examine avec respect et sourire, il fallait bien que l’esprit émergeât.  Avec ce livre inspirant, c’est fait … et l’esprit, on le sait depuis longtemps, ne meurt pas.  Aurais-je oublié de remercier publiquement celui qui m’a ouvert à une apiculture aussi innovante et gratifiante ?

Michel Jacquin

Avertissement au lecteur

par Raymond Zimmer
Photo de l'auteur

Tout jeune apiculteur — je devais avoir douze ans — je reçus d’un apiculteur avisé, un manuel apicole qu’il jugeait excellent pour mon instruction.  A l’époque, ce livre a comblé toutes mes attentes : facile à lire et très complet.  Il s’agissait du livre « La pratique apicole (Imkerpraxis) » du célèbre éleveur autrichien Guido Sklenar.  Plus tard, à l’heure de la maturité, les livres du Frère Adam, inégalés par leur concision, et la clarté de leur enseignement, m’ont fasciné : entièrement inspirés par la pratique, ils la dépassaient.  Ces deux maîtres sont, chacun à son niveau, mes auteurs de référence.  Ils ont éveillé en moi l’envie et le courage d’écrire et de transmettre mon expérience de l’abeille.  Toutefois je savais que je ne pourrais jamais m’exprimer comme ils ont su le faire.  Il me fallait trouver une expression personnelle.

En 1985, j’ai édité un fascicule, pour expliquer à nos clients, les particularités de cette nouveauté qu’était l’abeille Buckfast.  En effet mon épouse et moi-même étions, jusqu’en 1985, les revendeurs des reines du Frère Adam.  L’accueil de ce fascicule a été bon, car mes lecteurs ont, semble-t-il, apprécié l’originalité et la nouveauté du propos.  Depuis quelques années déjà, des demandes, parfois pressantes, m’ont incité à entreprendre cette deuxième édition.  Je savais que le « crédit » accordé à la première édition était tari.  En effet le temps passant, l’attente des lecteurs sur le sujet a changé.  Il n’y a plus lieu d’introduire et de commenter la nouveauté qu’était la Buckfast, mais plutôt de partager le fruit de l’expérience acquise avec elle, depuis son entrée en France, en 1977.  Au corpus du premier fascicule, entièrement remanié, se sont ajoutés de nombreux nouveaux chapitres.

Le souci constant, partagé avec mon collaborateur, conseiller, correcteur, Michel Jacquin a été, non de faire un livre apicole de plus, mais un outil d’apiculteur, aussi précis et utile que possible.  Je m’appuie, pour l’essentiel, sur mon expérience et sur le savoir du Frère Adam.  J’ai volontairement délaissé les compilations d’autres méthodes, parfaitement connues et accessibles ailleurs.

Parmi les chapitres nouveaux développés ici, on rencontrera, par exemple :

Mon expérience est amplement complétée par l’association avec un apiculteur professionnel Patrick Georges.  Ensemble, sur un nombre important de ruches, la comparaison entre nos « élevages d’essais » permet de vérifier la justesse — ou non — des hypothèses et des méthodes de travail à l’oeuvre dans nos ruchers respectifs.  Outre cette association un cortège d’autres apiculteurs, presque tous confirmés, aident à la sélection.  Parfois anonymes, la trace de leur expérience et de leur travail se trouve néanmoins pleinement reconnue dans ces pages.

Le thème du prédateur apicole qu’est le varroa est trop important, pour ne pas mériter une place à part.  C’est le Dr Colin, appelé ici, en 1982, le sauveur de l’abeille alsacienne, qui a accepté de traiter ce sujet.

Que seule la ruche Dadant douze cadres convienne à l’abeille Buckfast est de plus en plus contesté.  Cette fois, j’ai donné la parole à un jeune apiculteur professionnel étranger qui a su trouver, pour son abeille Buckfast, une voie originale avec une ruche proche de la Langstroth.

Enfin ce livre est une manière d’hommage à l’œuvre et à la personne du Frère Adam, mort en 1996.  Il nous a tant transmis, que nous ne pouvions garder sous le boisseau un enseignement si fructueux. Je ne puis oublier, qu’inlassablement malgré ses immenses connaissances, il disait : « rien ne remplace en apiculture la pratique et l’expérience ».

Constatons pour terminer, qu’au-delà des méthodes, races d’abeilles, et partis pris, il y a les gestes et travaux que tout apiculteur doit accomplir.  Si ce livre devient pour celui-ci un outil agréable et utile alors mon désir et ma récompense se seront rejoints.

Raymond Zimmer
Horbourg, le 17 septembre 1999