Elevage des reines anecballiques
Réponse à un correspondant

Extrait de La Belgique Apicole,
17(6), 1953, p 141-142
Avec leur permission.
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[Articles originaux de H. Wallon "1" et "2"]
Article de Hector WALLON
Bruxelles, Belgique

Un apiculteur à qui j’ai envoyé récemment une reine anecballique de deux ans, m’écrit, en me remerciant, qu’il a introduit cette reine dans une bonne colonie et qu’il fera un élevage de cette ruchée, en juillet. Ce n’est pas là la bonne manière de procéder.

Je crois utile de répondre par la voie du Bulletin, afin que les lecteurs que l’anecballie intéresse puissent profiter des indications que je vais donner à mon correspondant.

1) Si les abeilles au milieu desquelles on introduit une reine anecballique sont essaimeuses, elles entraîneront cette reine dans un essaim qui peut se perdre. Ce sont, en effet, les ouvrières qui décident de l’essaimage. La reine n’intervient dans les mœurs d’une colonie que comme génératrice des déterminantes héréditaires et aussi longtemps qu’elle n’est pas entourée d’une population entièrement issue de sa ponte, elle est sans effet sur les caractères de la ruchée. Il faut donc surveiller de très près afin d’éviter le premier essaimage.

2) Faire un élevage en partant d’une reine anecballique et faire un élevage pour obtenir des colonies anecballiques sont deux choses différentes.

Il faut envisager deux cas: la naissance d’une nouvelle reine se produit à la suite d’un renouvellement spontané ou il est provoqué par l’enlèvement de la reine (orphelinage). Dans le premier cas — renouvellement spontané — la colonie tout entière, bourdons et ouvrières , est anecballique. Dans ces conditions, je n’ai eu que deux retours à l’essaimage sur une très longue période.

Dans le deuxième cas, la colonie n’est pas entièrement débarrassée de ses bourdons de l’élevage antérieur: la fécondation peut donc être croisée.

Si la fécondation se fait en nucleus, il faut l’entourer de précautions minutieuses. Celles-ci ont été fixées par ANSELME et GILLET-CROIX. Il n’y a donc pas lieu d’y revenir.

Mon correspondant devrait commencer par élever, en nuclei, autant de reines de provenance anecballique qu’il a de colonies. Cet élevage se ferait à la fin d’avril — dernière décade. Entre le 20 et le 30 mai, toutes ces reines auraient été fécondées et seraient en ponte et elles serviraient à remérer toutes les colonies. Fin juin, il y aurait beaucoup de jeunes bourdons anecballiques au berceau.

Plaçant alors un morceau de grille à mère au trou de vol, on enlèverait la reine et on brosserait toute la population de chacune des colonies devant sa ruche. Les bourdons expulsés ne tarderaient pas à périr: les bourdons en élevage seront anecballiques. Les reines seraient remises provisoirement en service. Il conviendrait de commencer, en même temps, un élevage en partant de la reine anecballique qu’il vient de recevoir et comme dans son rucher, il n’y aura que des bourdons anecballiques, pour peu que son apier soit isolé, la fécondation des nuclei sera presque entièrement anecballique.

Voici une autre manière de procéder, plus simple mais plus lente.

1) Laisser pondre la reine anecballique pendant un mois, puis l’enlever et l’introduire dans une autre colonie.

2) Brosser toute la colonie orphelinisée devant la ruche après avoir garni le trou de vol d’un morceau de grille à reine. La colonie n’aura plus que des bourdons anecballiques, il y aura presque certainement auto fécondation et la colonie restera anecballique. Faire cette opération en pleine miellée. La perte en miel sera nulle. Je pratique de cette façon plusieurs fois, chaque année. Il n’y a qu’un danger: si votre rucher n’est pas entièrement anecballique, il pourrait y avoir fécondation croisée et retour à l’essaimage.

Recommandations:

a) Au moment de la fécondation, il faut fermer les trous de vol des autres colonies avec un morceau de grille à mère afin de réduire dans toute la mesure du possible les chances de fécondation croisée.

b) Si votre apier est isolé, vous pouvez diviser votre colonie en deux.

c) Ne jamais perdre de vue que lorsque les abeilles décident de renouveler leur reine, c’est par nécessité, soit qu’elle est usée ou qu’elle a une tare. Vouloir conserver une reine que les abeilles ont décidé de remplacer, c’est aller au devant d’un désastre en ce sens que cette reine a fort peu de chances de passer l’hiver.

Extrait de La Belgique Apicole,
17(6), 1953, p 141-142
Avec leur permission.
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Article de Hector WALLON
Bruxelles, Belgique